Pendant cette année, Gerbille a insisté, encore et encore, pour apprendre à lire et écrire. C'était sa grosse déception de la rentrée, de constater que non, il ne suffisait pas de passer dans la classe du dessus pour savoir lire d'un coup.
Le matériel Montessori est dans les cartons, ses deux parents sont débordés par une reprise de travail à plein temps, alors en attendant, elle gribouille des pages et des pages de petits carnets, de tous les mots qu'elle veut, nous demandant de temps en temps comment écrire tel ou tel son.
Car écrire, elle sait, depuis un bout de temps maintenant : elle décompose les mots dans sa tête, retrouve la forme des lettres pour les écrire en regardant les lettres rugueuses, et les calligraphie avec application. Je lui ai même imprimé rapidement les premières dictées muettes qu'elle ait des idées de mots faciles à écrire. Mais jamais encore elle n'avait réalisé qu'elle pouvait, d'elle-même, recomposer ces sons et leur donner du sens.
C'est le principe décrit par Montessori, et c'est vraiment bluffant d'assister à ce déclic, ce passage soudain d'un enfant qui ne comprends pas le principe de b-a-ba à un enfant qui se sent capable de déchiffre n'importe quoi.

Enfin n'importe quoi, ça risque d'être un peu dur encore, vus tous les pièges de la langue française[1]. Pour l'instant, je ressors pour Gerbille un petit livre écrit par une amie, Jérémie le lama, récit poétique composé pratiquement que de mots déchiffrables simplement.
Gerbille s’attelle à la tache : Jérémie-de-la-lune, le lama futé, caracole sur un vélo à bulles...
Elle est enchantée, et moi aussi :)

Note

[1] Maria Montessori était italienne.