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Maria Montessori a affiné le matériel et les exercices qu'elle proposait en s'appuyant sur l'observation rigoureuse et vivante d'enfants. Ceux-ci l'ont parfois surprise ou devancée, et elle raconte comment les premiers dont elle s'est occupés se sont mis à écrire puis à lire sans qu'elle ne l'ait programmé.
Oui, à écrire puis à lire, et c'est à travers l'observation de mon propre enfant que j'en comprends vraiment la logique.

À l'école, Loupiot commence à rencontrer des mots courts, d'une syllabe, qu'il lui est demandé de déchiffrer.
Et ce n'est pas facile.
Il a beau reconnaître les lettres, connaître les sons associés, rien à faire, "beuh" suivi de "aaa" ne donnent pas "ba".

Alors je lui ai proposé, fabriqué vite fait et adapté à ce qu'il voit en classe (alphabet script, mots anglais), de tenter d'écrire ces mots.
Et là tout de suite c'est plus simple, il comprend très vite que pour former la syllabe "ba", il faut un "b" suivi d'un "a"
Et le voilà tout au plaisir de découvrir sa première dictée muette, d'assembler ses premiers mots :)

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Il choisit une image parmi celles que je lui propose, puis avec mon aide tente d'en décomposer les sons (comme dans le jeu des sons).
Il cherche ensuite la lettre qui correspond au son trouvé, et passe au son suivant.
Quand le mot est fini, il me demande de vérifier.
Je le lis alors, tel qu'il est écrit (juste ou faux), puis je lui demande : «Je lis "cat". Est-ce cela que tu as voulu écrire ?». Cela lui permet de s'auto-corriger, puisque je le rappelle, il n'est pas capable de se relire lui-même[1].

Lorsqu'il est satisfait, il cache l'image, appelle son papa, et lui demande d'un air malicieux : «Il y a un dessin sur mon papier caché, tu crois que tu peux deviner ce que c'est juste avec ce que j'ai écrit ?»

Notes

[1] Je le souligne parce que je trouve ça fou, d'être capable d'écrire mais pas de lire ! Tellement à l'opposé de la démarche que j'aurai trouvé intuitive...