Première étape : exprimer tous les points de vue.
« Tu as peur le soir dans ta chambre ? »
«  oui...  »
«  Et comme c'est l'heure des parents, nous, nous en avons assez que tu nous appelles. »
«  je sais... »
«  Tu voudrais que nous cherchions des solutions ensemble ? »
«  Oh oui !  »
«  Je vais les écrire.  »
«  Oui, écris : "Comment faire pour pas que Mouflette ait peur la nuit, et que les parents puissent faire leur travail[1]".  »

Deuxième étape : noter toutes les idées.
alors je les note toutes... même les plus loufoques, surtout les plus loufoques, elles permettent d'ouvrir l'imagination et d'en trouver encore plus :)
Je suis même prête à noter des idées qui ne m'iront pas, comme venir dormir avec elle ou la laisser nous rejoindre au salon, juste pour encourager Mouflette à s'exprimer. Mais depuis des mois que le problème se pose, elle a bien cerné nos limites, et ne propose rien qui soit trop lourd pour nous.

Troisième étape : discuter des idées
Parmi une dizaine de suggestions, nous retenons "un parent vient écouter les bruits dans la chambre quelques minutes et dire de quoi il s'agit.", "Mouflette fait le tour de la maison et vérifie que les portes sont fermées.", "Toutes les peluches viennent passer la nuit dans le lit de Mouflette."

Nous réfléchissons à comment mettre en place les idées, nous vérifions qu'elles nous conviennent bien, nous nous demandons si c'est suffisant ou pas.
Mouflette me dit : « Maman, nous n'avons que trois idées géniales, il faut en trouver plus pour que ça aille ! » Alors nous rajoutons "Faire deux affiches qui font peur sur les portes de la chambre des enfants."

Reste la quatrième étape : appliquer les idées bien sûr ;) mais aussi prendre le temps, un peu plus tard, d'en faire le bilan, pour voir si le problème se pose toujours ou pas, si les solutions mises en place ne pèsent pas trop à l'un d'entre nous. La liste des idées est toujours disponible pour lancer le débat :)
(et Mouflette s'empresse de rajouter : « Oh maman, donne moi la liste, je vais la garder sous mon oreiller pour pas que les monstres la lisent ! »)

Histoire de rallonger ce billet particulièrement court :ange: , quelques réflexions :
J'ai rédigé cette histoire sur le coup, il y a deux semaines. Curieux hasard, plusieurs personnes m'ont fait part depuis de leur difficulté à coucher leur enfant. Je leur souhaite de trouver aussi leurs solutions ! Et je me dis que la notre leur paraitra peut-être trop belle pour être vraie... Est-ce toujours aussi simple, une résolution de conflit, quelques idées un peu puériles et le problème est oublié ?
Oui et non... Toutes nos résolutions de conflit ne se passent pas ainsi. Il arrive que malgré l'intérêt suscité par papier et crayon, malgré la liberté d'expression offerte, malgré le plaisir des enfants à s'approprier le problème, malgré la bonne volonté des parents, l'inspiration ne vienne pas.
Il nous est arrivé aussi qu'une vraie solution émerge, une troisième voie que personne n'avait envisagé et qui satisfait définitivement tout le monde.
Là ça n'a pas été le cas, les "idées géniales" que Mouflette et moi avons eu ressemblent plus à du rafistolage de rituel du soir. À l'usage pourtant cela a suffit. Le problème de fond, je pense, est que Mouflette n'est pas assez fatiguée pour s'endormir et n'aime pas attendre le sommeil seule, et cela, nous ne l'avons pas résolu. Mais c'est là toute la magie de cette technique de résolution de problème, c'est qu'au delà des solutions matérielles, j'espère que Mouflette s'est sentie entendue, écoutée. Qu'elle a constaté que ses difficultés d'endormissement ne nous sont pas indifférentes, que nous sommes disponibles pour en parler avec elle. À travers les quelques minutes à écouter le silence avec elle, à travers le rassemblement de peluches dans son lit, je suppose qu'elle se donne le symbole de notre présence, et que pour elle c'est beaucoup.

Notes

[1] N'allez pas lui dire qu'en fait on regarde des films sans elle hein :whistle: