la fabrique des Marmottons

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Lundi 17 janvier 2011

Lettres vers le futur

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Au moment de ranger les décorations de Noël, je glisse dans la boîte quelques lettres, que nous ouvrirons et lirons quand nous la ressortirons en décembre prochain.
Ce sont des lettres que les enfants m'ont dictées, adressées à ceux qu'ils seront dans un an.

Je ne sais pas à quel point ils ont compris l'idée, mais ils ont trouvé très amusant de s'écrire à eux-mêmes.
Ils se sont raconté ce qu'ils aimaient faire, les jeux qu'ils avaient avec leurs frères et sœurs, leurs jouets préférés. Loupiot a ajouté un dessin.

Je suis curieuse d'observer leurs réactions... dans un an.

Lundi 29 novembre 2010

"Les neurones de la lecture", de Stanislas Dehaene

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Il n'y a pas que mes marmottons qui lisent ;) Je viens de finir un ouvrage passionnant, même si dense et parfois un peu trop rigoureux dans sa présentation des détails (mais c'est pas grave si on saute quelques paragraphes ? :whistle: ) de Stanislas Dehaene.

Les neurones de la lecture, que vous pouvez feuilleter en ligne, raconte comment notre cerveau, pas si différent tout compte fait de celui des autres primates, a pu s'adapter à cette action incroyable et si anodine qu'est la lecture. En fait, d'après l'auteur de ce livre et les très nombreuses recherches récentes qu'il cite, c'est moins notre cerveau qui s'est adapté que les techniques d'écritures, qui ont évolué au cours des siècles pour être les plus pratiques possible.

L'Histoire des écritures n'est qu'un aspect de ce qui est abordé au fil des pages. Moi qui m'intéresse surtout à l'apprentissage de la lecture, j'ai été bien servie. Cet apprentissage reste en grande partie mystérieux, tout en étant de mieux en mieux cerné par les expériences des chercheurs. Et plus je lisais, plus j'en apprenais sur le sujet, plus d'interrogations me venaient à l'esprit.

Qu'est-ce que la dyslexie et peut-on la soigner, pourquoi est-ce que les enfants écrivent comme dans un miroir, comment se fait-il que ce soit la même zone du cerveau qui est utilisée pour déchiffrer des caractères chinois ou une langue aussi phonétique que l'Italien, est-ce que les bizarreries orthographiques ont une utilité, etc. Si ces questions vous intéressent... n'hésitez pas ;)

Mardi 23 novembre 2010

Entendre les voyelles

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Loupiot se passionne sur la décomposition des mots. De temps à autre, je l'entends marmonner à voix haute : «dragon... d, d, d, dra, g, g, gon... dragon...». Mais comme je le disais hier, il note très rarement le son des voyelles.
Je me souvenais avoir lu Libellule raconter la même chose au sujet de sa grande, j'ai donc repris son petit jeu sur les voyelles et l'ai proposé à Loupiot.

J'ai d'abord vérifié avec lui que chaque image était facile à identifier.
Pour la présentation, j'ai posé devant lui deux cartes concernant une voyelle, en disant : «J'entends a», «Je n'entends pas a».
Puis je prends une carte dans le paquet, et je la lis lentement : «Chateau... chaaa, a, teau, o, j'entends a.», puis une deuxième carte.
À partir de là il a voulu continuer seul. Je lui ai tendu les cartes restantes.
Pour qu'il puisse en partie s'auto-corriger, je fais en sorte de lui donner 5 cartes contenant le son étudié, et 5 cartes ne le contenant pas. Ainsi il peut voir s'il a bien le même nombre de cartes dans chaque colonne.

Le document est téléchargeable en cliquant sur l'image :
voyelles.jpg

J'ai pu voir ainsi que Loupiot a vraiment du mal à isoler, puis à retenir, les voyelles.
Stanislas Dehaene explique que notre conscience phonologique se développe avec l'apprentissage de la lecture ; en effet, quand je regarde Loupiot faire ce jeu, il m'est facile de retenir le son "a" quand je l'entends, car je l'associe aussitôt à la lettre "a". Loupiot, lui, n'a pas (encore) cet outil.

Lundi 22 novembre 2010

Écriture spontanée

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Loupiot prend une feuille, dessine, s'interrompt, se concentre, puis nous interpelle : «Venez voir ! J'ai écrit un mot ! J'ai écrit "François" !»
Sur la feuille qu'il nous tend, trois majuscules malhabiles s'alignent : F R S.
Curieux, non, qu'à l'instar de ses ancêtres phéniciens[1] il néglige d'utiliser les voyelles ?

L'écriture spontanée est la suite logique de la décomposition des mots en sons, de l'association de ces sons avec les lettres. À partir du moment où l'enfant a à sa portée des lettres à manipuler (aimants sur le frigo, alphabet mobile, cartes, ou tout simplement de quoi écrire s'il sait tracer des lettres)...
Il ne me semble pas nécessaire de donner une quelconque instruction à l'enfant, pour l'aider à écrire de façon plus directe il est possible de lui proposer des dictées muettes.

Notes

[1] Je sais que ce blog est lu par des matheux férus de généalogie, je leur laisse calculer la probabilité que Loupiot ait effectivement de tels ancêtres :D

Mardi 9 novembre 2010

La pince à trois doigts

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Pour préparer l'apprentissage de l'écriture, de nombreuses activités de la pédagogie Montessori destinées à de petits enfants encouragent et entrainent l'utilisation de la pince à trois doigts, pouce-index-majeur.
C'est une position de la main que Gerbille utilise énormément, j'ai trouvé ça amusant à souligner.

Est-ce par ce que nous (humains) écrivons que nous utilisons ainsi nos mains, ou est-ce parce que cette position de la main nous est naturelle que nous écrivons ainsi ? :whistle:

(Pour ceux qui ont un peu de temps devant eux et qui s'intéressent à la pédagogie Montessori, je recommande vivement le lien mis plus haut vers un article de Libellule très complet et précis sur l'acquisition de la calligraphie.)

Lundi 8 novembre 2010

Écrire avant de lire

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Maria Montessori a affiné le matériel et les exercices qu'elle proposait en s'appuyant sur l'observation rigoureuse et vivante d'enfants. Ceux-ci l'ont parfois surprise ou devancée, et elle raconte comment les premiers dont elle s'est occupés se sont mis à écrire puis à lire sans qu'elle ne l'ait programmé.
Oui, à écrire puis à lire, et c'est à travers l'observation de mon propre enfant que j'en comprends vraiment la logique.

À l'école, Loupiot commence à rencontrer des mots courts, d'une syllabe, qu'il lui est demandé de déchiffrer.
Et ce n'est pas facile.
Il a beau reconnaître les lettres, connaître les sons associés, rien à faire, "beuh" suivi de "aaa" ne donnent pas "ba".

Alors je lui ai proposé, fabriqué vite fait et adapté à ce qu'il voit en classe (alphabet script, mots anglais), de tenter d'écrire ces mots.
Et là tout de suite c'est plus simple, il comprend très vite que pour former la syllabe "ba", il faut un "b" suivi d'un "a"
Et le voilà tout au plaisir de découvrir sa première dictée muette, d'assembler ses premiers mots :)

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Il choisit une image parmi celles que je lui propose, puis avec mon aide tente d'en décomposer les sons (comme dans le jeu des sons).
Il cherche ensuite la lettre qui correspond au son trouvé, et passe au son suivant.
Quand le mot est fini, il me demande de vérifier.
Je le lis alors, tel qu'il est écrit (juste ou faux), puis je lui demande : «Je lis "cat". Est-ce cela que tu as voulu écrire ?». Cela lui permet de s'auto-corriger, puisque je le rappelle, il n'est pas capable de se relire lui-même[1].

Lorsqu'il est satisfait, il cache l'image, appelle son papa, et lui demande d'un air malicieux : «Il y a un dessin sur mon papier caché, tu crois que tu peux deviner ce que c'est juste avec ce que j'ai écrit ?»

Notes

[1] Je le souligne parce que je trouve ça fou, d'être capable d'écrire mais pas de lire ! Tellement à l'opposé de la démarche que j'aurai trouvé intuitive...

Mardi 28 septembre 2010

Liste de course

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«Maman, t'oublies pas ma liste, hein ?!»
Nous partons faire les courses avec Mouflette, et sa liste est un élément indispensable, peut-être plus encore que de prévoir de quoi payer ou une couche de rechange pour Gerbille. Dessus j'ai noté, dans l'ordre des rayons du magasin, une dizaine de produits courants qu'elle reconnaitra sans mal. Un petit dessin à peine ressemblant, et à côté le nom du produit, qu'elle me regarde noter, fascinée. Magie de l'écrit... ma main trace sous ses yeux des mots qui sont dans ma tête et qui pourront être lus ensuite sans que j'ai eu besoin d'exprimer autrement ma pensée.
Elle glisse précieusement la liste dans son sac à main et nous partons. Sur place elle tient à la consulter encore et encore, et s'applique à remplir notre cadis pendant que je complète de mon côté.

Sur le blog de Aude, vous trouverez comment adapter cette idée à de plus jeunes enfants, avec des cartes illustrées (qui pourraient aussi servir, tiens, à jouer autour de l'équilibre alimentaire). J'ai hésité à en faire autant, mais je tiens trop à l'enchantement sans cesse renouvelé par ces petits signes crayonnés. Qui sait si dans quelques temps elle ne tentera pas de les déchiffrer seule ? Elle se fabrique déjà des listes pour jouer avec sa petite sœur.

Vendredi 25 juin 2010

Traces écrites

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Écrire...
Tout, rien, recopier ou inventer, dessiner ou gribouiller, partout, n'importe comment... du moment que cela laisse une trace.
C'est une passion chez les marmottons, chacun à sa façon, variable suivant les moments, mais toujours aussi présente.

Je multiplie les supports à leur disposition, fascinée par cette explosion sans cesse renouvelée :

  • sur de grandes feuilles, accrochées au mur ou par terre
  • sur des feuilles de brouillon, récupérées au travail par leur papa, et la face imprimée est souvent autant exploitée que la face blanche
  • dans le plateau de semoule[1], que je secoue régulièrement pour y trouver le lendemain la trace toute neuve de petits doigts anonymes
  • à la peinture bien sûr, avec ou sans pinceau
  • sur leurs cahiers à spirale, un chacun, qu'ils emmènent dans leur lit pour la sieste ou au parc avec eux
  • avec des craies, sur le tableau noir ou dans la rue
  • sur la buée d'une vitre, dans la neige ou la boue par terre, avec sa cuillère dans la purée ou au miel sur une tartine :lol:
  • ...

05-01-g.jpg semoule.jpg

Notes

[1] juste un plateau avec de la semoule, ou du sable, aux rebords assez haut pour limiter les débordements

Mardi 22 juin 2010

Panier de sons

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Je vous avais raconté que je cherchais un moyen de faire travailler les sons aux enfants, plus concret que le jeu des sons. Cela fait deux mois que j'ai introduit auprès de Loupiot ses premières lettres rugueuses[1], sans parvenir à dépasser le second temps de la leçon[2].

Voici l'idée : j'ai fais le tour de la maison, à la recherche de petits objets faciles à identifier. J'en ai pris, en particulier, 3 pour chacun des sons déjà abordés (a, j et b). Et j'ai déposé le tout dans un petit panier.
Loupiot, intrigué par ce panier, m'a demandé le travail à faire. J'ai ressorti les trois cartes des lettres vues avec lui, j'ai nommé le j, et je lui ai dis que trois objets du panier commençaient par ce son.
J'ai ensuite énuméré les objets les uns après les autres, avec à chaque fois la question : «Policier, est-ce que cela commence par jjj ?», «Jeton, est-ce que cela commence par jjj ?». Si la réponse était oui, je plaçais l'objet sur la carte de la lettre j.
Le regard de Loupiot était concentré, sérieux, attentif.
Nous avons enchainé avec les sons b (plus dur !) et a.
Aussitôt l'exercice terminé, il m'a demandé s'il pouvait le refaire seul. C'est théoriquement fréquent en pédagogie Montessori, que les enfants refassent les exercices immédiatement ou plus tard. Avec Loupiot, c'est très rare, et encore plus lorsqu'il s'agit d'une activité aussi sérieuse.

Est-il utile de vous décrire mon bonheur de le voir se remettre à la tache ainsi, tout en concentration, imperméable à mon regard, égrenant de ses doigts les objets en murmurant pour lui même : «aaa... policier, pp, non, aaa... aaavion. aaa. oui, ... bleu, bbb, aaa, non, ...» ?

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Je compte remplir encore ce panier, et vous noter ici les objets choisis pour les sons.
a : arbalète, avion, araignée
j : jaune, jeton, girafe
b : bouchon, boule, bleu, bateau
m : monstre, marron, masque
s : singe, skate, sifflet
o : os[3], or, orque
c : coquillage, craie, cœur
r : rose, rouge, ruban
l : lapin, liste, légo, lacet
e : œufs, euro, europe (un drapeau)
p : pomme de pin, plume, pince à linge, perroquet (playmo)
n : nénuphar (playmo), noir, noix
i : île, igloo, hirondelle
u : uniforme, unique, usine

Notes

[1] oups, faudra que je vous raconte ça

[2] leçon en trois temps...

[3] j'ai choisi de présenter le "o" ouvert, juste parce que c'était ces objets que j'avais sous la main. L'autre choix se justifie aussi.

Vendredi 11 juin 2010

Le jeu des sons

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«Je vois un légume dont le nom commence par mmmm...»

Le jeu est simple :

  • je présente trois objets à Loupiot et Mouflette,
  • je m'assure des noms qu'ils leur donnent[1],
  • puis je prononce un son et leur demande de retrouver quel objet commence[2] par ce son.

Un son, pas une lettre... car si l'objectif est bien la lecture et l'écriture, le nom des lettres, à ce niveau, ne ferait qu'embrouiller. "Maïs" ne commence pas par ème ;) .
Il s'agit donc de distinguer les sons, de les apprivoiser, de réaliser que tout nom commencer par un son.
C'est le premier pas vers la capacité à organiser ces sons, les associer à des signes, et donc à écrire et à lire :)

Et l'auto-correction dans tout ça ? C'est vrai quoi, je vous vends des exercices authentifiés Montessori © comme quoi c'est pas la peine de dire à nos enfants quand ils se trompent, et là, si Loupiot me répond fièrement «la carotte !», je lui dis quoi ?!

Et bien je prends une grande inspiration, un sourire encourageant, et j'enchaine «Oui, kkkarotte commence par kkk. Et est-ce que tu peux me montrer le légume qui commence par mmm ?».
En gardant en tête que si pour lui il est difficile de distinguer le son kk du son mm au début d'un mot, lui asséner que carotte ne commence pas par m ne lui débouchera pas les oreilles d'un seul coup, et risque de ne pas lui donner envie de continuer de chercher.
Parce que le but de l'exercice n'est pas de le tester, mais de lui permettre de se mettre à son tour, spontanément, à décortiquer les sons[3].
C'est d'ailleurs ce qui se produit, et les enfants me lancent à présent sur le jeu des devinettes, plutôt dans la rue ou dans le bus : «Hé maman, regarde, je vois quelque chose qui commence par fff, devine ce que c'est ?» Enfin le plus souvent, ils me donnent tout le début du mot, ils ont encore du mal, même Loupiot, à distinguer seulement le premier son (et Mouflette, n'en parlons pas, elle me demande de deviner quel animal commence par "éléfff" :lol: ).

Il y a quelques sons pour lesquels Loupiot trouve à tous les coups... et d'autres qui lui posent encore problème. Je réfléchis donc à d'autres moyens d'introduire ces sons, avant de passer à la présentation systématique des sons des lettres et de leur graphisme, avec les fameuses lettres rugueuses.

Pour un exposé plus détaillé du jeu des devinettes, allez voir tout ce que Libellule raconte sur la conscience phonologique.
Pour un récit et de très belles photos sur la présentation de ce jeu à un enfant très jeune (pas même 3 ans), allez voir le blog d'Eve.

Notes

[1] Ça a l'air tout bête, mais s'ils pensent "salade" quand je leur montre une laitue, ils vont avoir du mal à trouver que ça commence par lll.

[2] Quand ils commenceront à maitriser cet exercice, je pourrais leur parler du son final, ou d'un son contenu dans le nom...

[3] comme Libellule le décrit pour Clémence.

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