la fabrique des Marmottons

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Lundi 22 avril 2013

De l'autre côté du miroir

Pas d'activité aujourd'hui sur ce blog, pas de marmottons non plus, même si les filles étaient avec moi : j'ai accompagné une amie à une classe de zumba. Le cours se passe sur un mode très particulier : la prof danse dos à la classe, face au miroir, et ne dit pratiquement rien (quelques encouragements), les participantes tentent de reproduire ses mouvements au mieux, ou pas. Lorsqu'un mouvement va être beaucoup employé, la prof le décompose soigneusement une ou deux fois avant de l'accélérer.
Une présentation soignée et sans parole, un apprentissage par la répétition, pas de correction extérieure, cela ne vous rappelle rien ?

Bénéfice secondaire de ce cours, j'ai donc pu expérimenter de l'intérieur une pédagogie proche de celle de Montessori.
J'ai constaté que, comme mes enfants, je reproduisais parfois ce qui n'était qu'une indication : le moins il y en a, le mieux c'est.
J'ai trouvé très agréable de ne pas me sentir jugée ni évaluée, et en même temps, j'ai trouvé frustrant de ne pas avoir de conseils sur ce que je faisais de "mal". C'est là que j'ai réalisé que devoir s'auto-corriger, en fait, c'est très exigeant. Mais au bilan, je l'ai surtout ressenti comme une grande confiance, envers les participants mais surtout envers cette façon d'enseigner. Comme si c'était une évidence pour la prof que nous n'avions pas besoin de plus d'aide que ça, que nous saurions trouver chacune, à notre rythme, comment maîtriser les mouvements.

Voilà, vous savez ce qui vous reste à faire si vous voulez découvrir ce que c'est qu'apprendre de cette façon :lol: (et accessoirement secouer chaque partie de votre corps dans tous les sens pendant une heure !)

Lundi 18 mars 2013

Habillage et autonomie

sourirespargrandfroid.jpg C'est un billet que j'ai commencé il y a deux hivers, et que j'ai oublié. Il n'est presque plus de saison, alors disons que je le poste avec beaucoup d'avance pour l'an prochain :D

Aider les enfants à faire tout seuls... c'est l'une des idées majeure de la pédagogie montessorienne, une de celles qui m'a le plus parlé.
Voici quelques astuces concrètes concernant l'habillage :

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Jeudi 8 mars 2012

Leçon en trois temps

Dans la pédagogie Montessori, les apprentissages se font par la répétition et l'exploration d'activités auto-correctives découvertes lors d'une présentation silencieuse par l'adulte.
Pour l'apprentissage par cœur (du son des lettres, de mots, des chiffres, ...), cela ne suffit pas.
Afin de rester dans l'idée d'une progression par étapes qui ne mette pas l'enfant en échec, un tel apprentissage peut se faire en trois temps :

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Lundi 5 mars 2012

Cursives ou scriptes ?

M_cursive.jpg

Mouflette me montre le f.jpg de l'alphabet mobile, qu'elle trouve très beau, et me demande comment cette lettre se prononce. Quand je prononce le son fff, elle s'étonne : «Comme le "F" de papa ?» Et comme je lui explique qu'il y a différentes façons de l'écrire, elle ajoute : «Mais il le sait, papa, qu'on peut écrire son nom avec une si jolie lettre ?».

À l'école, elle apprend à écrire son prénom en majuscules d'imprimerie. À la maison, elle voit son frère utiliser les minuscules d'imprimerie. Et avec moi, elle étudie les minuscules cursives. De quoi s'emmêler un peu !

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Mardi 28 février 2012

Collation

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Lorsque nous faisons l'école de la maison toute la matinée, les filles aiment avoir une pause avec une petite collation.

C'est l'occasion pour elles de s'entrainer à couper avec un couteau, à verser l'eau avec une petite carafe, à mettre correctement la table et à débarrasser. Certes, elles ont aussi l'occasion de pratiquer ces gestes quotidiens lors de nos repas, mais je ne suis pas alors aussi disponible pour montrer le bon geste ou tout simplement savoir retenir mon envie d'intervenir, je ne suis pas pressée par le temps ni énervée par une maladresse.

C'est l'occasion aussi de faire de petits jeux de rôles, de s'adresser poliment l'une à l'autre, de revoir les formules de politesse dans la bonne humeur.

Vendredi 4 novembre 2011

Pourquoi mes légumes n'ont plus de yeux

encouleurs.jpg

Tous les mois (ou presque), je dessine pour mes enfants une affiche de fruits et légumes de saison.
Les premières fois, j'ai rajouté des expressions aux légumes, une betterave sardonique, une courgette tranquille, une aubergine heureuse. Je trouvais cela rigolo, je me disais que cela plairait aux enfants, que cela leur donnerait envie de faire le coloriage, de s'intéresser à ces légumes.
Je pensais que rajouter quelque chose d'amusant à une activité était un plus pédagogique.

Et pourtant... je n'en suis plus si sûre. J'ai fait aussi des affiches sans ces petites expressions humaines. Ils aiment tout autant faire ces coloriages, pour le plaisir des couleurs, la fierté d'afficher le résultat, la curiosité de découvrir quels sont les aliments à l'honneur ce mois-ci.
Que changeait donc le fait de rajouter des yeux ?
L'activité ne devenait pas plus intéressante... Par contre elle devenait plus complexe.
Au lieu de s'intéresser aux légumes, les enfants se demandaient pourquoi celui-ci était triste et pas celui-là. Loupiot (pas encore 4 ans à l'époque) est même venu me voir un jour, songeur, pour me demander confirmation : «Mais en fait, maman, les légumes, ça a pas de yeux ?». Je ne sais pas s'il en a sérieusement douté, mais tout de même, au lieu de lui enseigner quelque chose, mon affiche l'avait perturbé[1].

Au fond, en voulant rendre amusant le fait d'apprendre, je pense que j'ai plaqué une pédagogie d'adultes sur des besoins de petits enfants.
Pour moi, apprendre est souvent un effort, et le faire dans un cadre ludique m'aide à maintenir mon attention, à persévérer dans mon intérêt.
Pour un petit enfant, apprendre est le sens même de ses actions, et le cadre ludique peut venir distraire ou complexifier son apprentissage.
Ce que mes enfants m'ont montré, à 3, 4 ans, c'est qu'ils n'ont pas besoin que ce soit amusant pour apprendre, c'est apprendre qui est amusant.

Avec Mouflette (presque 5 ans), je joue sur la limite. Je l'ai vu encore récemment, en fabriquant de petits animaux rigolos pour l'aider à apprendre à compter, j'ai d'une part augmenté sa motivation, mais d'autre part distrait une partie de son attention.

Notes

[1] ce qui est sans doute intéressant aussi, mais n'était pas mon objectif

Jeudi 19 mai 2011

Présentation d'une activité

G_cadenas.jpg

Pressée de récupérer l'objet convoité, Gerbille m'observe tourner une clé dans la serrure d'un cadenas.
Lentement, sous ses yeux attentifs, je caricature les gestes nécessaires pour le déverrouiller puis le refermer.
Quand c'est enfin son tour, elle s'applique à tout reproduire, sans oublier le petit "clic" qui m'a échappé des lèvres au moment de l'ouverture.

Au cœur de la méthode Montessori, il y a la présentation du matériel.
Si l'enfant y apprend de lui-même, en se confrontant aux activités, en estimant parfois seul dans quelles directions porter ses efforts, l'enseignement reste présent. Un de ses moments essentiels est la première fois qu'un enfant découvre un matériel.

Que faire pour faire une bonne présentation ? Les documents sur cette pédagogie regorgent de bons conseils (que j'ai parfois du mal à suivre) :

  • répéter la présentation à l'avance, afin d'éviter la moindre hésitation
  • se placer au niveau de l'enfant, de façon à ne rien lui cacher
  • décomposer au maximum chaque geste, l'exagérer si possible
  • prononcer un minimum de parole.

J'ai pu mesurer l'importance de cette dernière règle à plusieurs reprises, les filles sont si promptes à reprendre le moindre de mes commentaires et à le dire et le dire encore à chaque fois qu'elles refont l'exercice. Le bon côté, c'est qu'elles peuvent apporter la même attention aux autres détails de la présentation.

J'aime beaucoup le principe de cet enseignement très épuré, qui force à réfléchir à ce qu'est l'essentiel[1].

J'aime beaucoup aussi cette manière très naturelle de transmettre, par l'observation et la reproduction, qui parait si innée chez les jeunes enfants que je ne doute pas qu'elle fasse partie de l'hérédité humaine.

Pas besoin de "faire du montessori" pour appliquer ces idées, c'est une façon de faire qui peut se révéler très efficace pour enseigner n'importe quel geste quotidien à un jeune enfant, se moucher, utiliser des couverts, enfiler un pantalon, ... :)

Notes

[1] Ça frappe parfois lors de certaines lectures, cette dimension très orthodoxe, ce matériel étudié dans ses moindres détails, comme si toute déviation était forcément moins bien. Cette exigence se comprend beaucoup mieux en réalisant le temps et la réflexion passés sur tout ce qui est détail.

Lundi 28 mars 2011

Répétition

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Une des premières choses qui frappent l'esprit dans les descriptions que fait Maria Montessori des enfants qu'elle observe, c'est la persévérance, la constance, la concentration qu'ils mettent à reproduire encore et encore le même geste.
Ce n'est pas quelque chose de si facile à obtenir à la maison ou dans les écoles, il me semble, mais c'est très présent, spontanément, chez les bambins.
Regardez-les explorer une possibilité d'un jouet, empiler, emboîter, remplir, ou aligner. Ils recommencent, encore et encore, juste pour le plaisir de faire, pendant des jours, et puis d'un coup, aussi abruptement que cela a commencé, se désintéresser totalement de l'objet.

Il est souvent dit que l'on apprend de ses erreurs, et j'en suis convaincue.
Voir un enfant recommencer et recommencer un geste qu'il semble pourtant déjà maîtriser me montre que l'on peut apprendre aussi de ses réussites.
En se plaçant juste à la limite, où le geste est assez difficile pour être intéressant, et assez facile pour aboutir, l'enfant trouve dans la répétition le moyen d'apprendre à faire ce qu'il sait.
Et de passer ainsi, insensiblement, d'un geste qu'il maitrise à peine à la capacité d'appréhender un geste un tout petit peu plus complexe...

Et tout le génie des propositions pédagogiques de Maria Montessori, c'est d'avoir décomposé des apprentissages aussi complexes que la lecture ou le calcul en de toutes petites étapes, qui peuvent être franchies une à une, sans jamais avoir besoin d'être mis en échec,

Lundi 21 février 2011

Attentes

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J'ai tant d'attentes, vis à vis de mes enfants...
Préparer des activités pour eux n'arrange rien.
J'attends d'eux qu'ils les apprécient, qu'elles leur profitent, qu'ils les "réussissent".

Et bien sûr ce n'est pas toujours le cas.
Et je m'énerve, et je m'attriste, et je leur en veux, et ils m'en veulent.

La pédagogie Montessori m'a permis de lâcher prise... en partie.
J'apprends à leur faire confiance, à leur laisser trouver et atteindre leurs propres objectifs, à laisser venir les choses.
J'apprends aussi, plus difficilement, à leur laisser refuser de faire l'activité soigneusement préparée la veille au soir.

Et pourtant... que je sais comme parfois il suffit de ne plus se focaliser sur une attente pour qu'elle se réalise...
Alors je me demande pour qui me suis-je donnée du mal, pour eux, pour moi, pour quoi ? Et le recul viens tout seul :)

Mais... d'autres attentes sont venues remplacer.
Pour leur permettre de profiter vraiment du matériel mis en place, je leur demande de le respecter, de ne pas détourner les activités.
Malgré une salle de jeux bien remplie, Mouflette aime venir piocher dans la salle d'activité de quoi remplir les casseroles de la dinette. Loupiot s'empare d'une boîte au passage et décide qu'il s'agit d'un guerrier volant. Gerbille n'est pas en reste.

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Difficile équilibre à trouver entre la fatigue, l'envie de lâcher prise, la démotivation, et le plaisir de les voir heureux et concentrés lorsque l'alchimie prend.

Mardi 16 novembre 2010

Bibliothèque

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Une fois par semaine, nous nous rendons à la bibliothèque.

Nous avons la chance qu'il y soit organisé une heure de lectures d'histoires et d'activités sur un thème, qui me motive pour ce rendez-vous régulier, mais même sans cela, nous irions malgré la distance.
Mes parents m'ont donné ce réflexe, qui a fait de l'inscription à la bibliothèque publique du coin ma première démarche à chacun de mes déménagements. Et mes marmottons ne s'en plaignent pas !

G_bouquine.jpgIls peuvent choisirent quels livres ils rendent, quels livres ils gardent, et quels nouveaux livres ils prennent. J'en emprunte aussi pour eux de mon côté, car nous ne sommes pas attirés par les mêmes couvertures. Les enfants ont vite découvert qu'il n'y avait pas que des histoires dans les livres, et farfouillent tout autant aux rayons des livres de bricolage, de recettes de cuisine ou de vulgarisation scientifique.
Certains livres sont pris et repris, l'emprunt est prolongé jusqu'à la dernière minute... de vrais amis fidèles que les enfants sont heureux de retrouver le soir, une fois dans leur lit, ou dans notre coin lecture. D'autres ne sont lus qu'une fois, plaisir de la découverte, des surprises qui nous attendent à chaque nouvelle page, de l'impatience partagée entre eux qui écoutent et moi qui traduit. Souvent Loupiot "lit" avant moi, examinant longuement chaque illustration, tentant de deviner ce qui se joue au fil des pages.

Si vous ne savez pas que choisir avec vos enfants, et que les livres qu'eux prennent vous tombent des mains, je vous conseille vivement de découvrir La bibliothèque de Chlop !

Mardi 2 novembre 2010

Avant de commencer...

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«Ça y est maman, on peut commencer ?»
«Tu es habillée, coiffée, le petit-déjeuner est pris et ranger ?»
«Ouiii»
«Alors qu'est-ce qu'il faut faire à présent ?»
hmmm... arroser les plantes, bouger la pince à linge sur le calendrier, déterminer la couleur du ciel...
Petites tâches simples, attractives, petits repères quotidiens, qui permettent de se re-centrer, de se préparer, de rentrer dans l'ambiance.

Pour avoir des idées pour ritualiser le matin, voilà comment cela se passe :

  • chez Aude
  • chez Cissou (partie sur l'organisation quotidienne)
  • un texte sur le niveau sonore de notre voix, dont Libellule fait répéter les deux premiers vers de chaque strophe.

Mardi 26 octobre 2010

La bonne réponse

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Grâce à Aude, chez qui j'ai téléchargé cette très belle activité, Mouflette s'interroge tous les matins sur la couleur du ciel. Après avoir hésité entre deux images, elle tourne vers moi deux grands yeux inquiets :
- Maman, est-ce que j'ai bon ?

...

Je n'ai pas répondu.
Comme dans beaucoup d'activités que je propose aux enfants, c'est à eux de déterminer si le résultat leur convient ou non.

Sa question en a déclenché d'autres en moi :
Y a-t-il toujours une bonne réponse ?
Pourquoi est-ce si important de la trouver ?
Qu'est-ce que je souhaite apporter à mes enfants ? Leur donner les bonnes réponses, ou leur permettre de savoir en chercher, se poser les bonnes questions, se donner les moyens de la vérifier ?

Jeudi 17 juin 2010

Démarche scientifique

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Je suis en train de parcourir ce livre, un recueil d'idées d'activités scientifiques à faire avec des 3-4 ans.
Un passage de l'introduction a particulièrement retenu mon attention, et j'ai tenu à vous en faire profiter. Il s'agit de la différence entre une activité scientifique et une expérience scientifique.

Une activité consiste simplement à regarder quelque chose, ou éventuellement à interagir d'une certaine façon pour en obtenir une réaction.
Mais une expérience est une activité qui est conçue pour répondre à une question, avec un contrôle pour exclure les autres interprétations du résultat.

Quand l'enfant formule une hypothèse[1], cela lui permet de s'approprier l'expérience. Les enfants devraient avoir l'occasion de dire ce qu'ils pensent qui va arriver avant qu'une activité ne commence, ou du moins avant qu'un adulte ne parle. Ne laissez pas votre impatience d'enseigner un phénomène gâcher cela.

Je rajouterai qu'à mes yeux, l'important n'est pas le contenu des questions et des idées que les enfants vont avoir. Ce qui compte, c'est de cultiver ce réflexe de se poser des questions, d'anticiper un résultat possible, avant d'observer et d'expérimenter. C'est le principe d'une démarche scientifique.

Notes

[1] À cet âge, une devinette.

Mardi 8 juin 2010

Auto-correction

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Il arrive, en maternelle, que certains travaux des enfants soient visés d'un petit bonhomme, souriant si le travail est bien fait, triste s'il y a quelque chose à revoir.
J'avoue ne pas parvenir à saisir l'objectif d'une telle évaluation, à cet âge.
Sans doute pense-t-on que mis en échec, l'enfant va se motiver pour progresser et prouver qu'il peut faire mieux ?
J'ai plus souvent constaté un désintérêt, du découragement...

Comment sortir de là, comment proposer des activités qui ont un objectif, sans pour autant décourager l'enfant qui n'y arrive pas ?
L'une des caractéristiques du matériel que je vous présente dans ces pages, c'est d'être auto-correctif. C'est l'enfant lui-même qui constate si l'objectif est atteint ou non, et qui corrige le tir s'il l'estime nécessaire.
Je trouve parfois cela frustrant, de regarder Mouflette plier un mouchoir n'importe comment et de me mordre les lèvres pour ne pas lui re-(re-re-)montrer le geste à faire.
Et puis j'ai appris à voir le plaisir avec lequel elle revient à ces activités, le sourire avec lequel elle s'auto-félicite de son pliage, la concentration dont elle fait preuve, qui sont finalement les véritables apprentissages de ce travail.
Et j'ai lu la réflexion suivante : le jour où elle sera capable d'apprendre à maitriser le geste pour faire le pliage correctement, elle sera aussi capable de voir si le pliage est bien fait ou pas. En attendant, quel est le sens de lui montrer une erreur qu'elle ne saura pas rectifier ? Si je lui propose des activités qu'elle n'est pas capable de faire, c'est moi qui fait une erreur...

Je la laisse donc se "tromper" joyeusement, et s'exclamer avec plaisir «Ouais, je gagne tout le temps !!!». En sachant qu'un jour ou l'autre, elle froncera les sourcils d'un air sérieux pour dire plutôt «Oh non, là il faut que je répare...», et qu'elle aura acquis d'elle-même un peu plus de maitrise.

Mardi 18 mai 2010

Période sensible

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J'observe Gerbille, qui pour la vingtième fois peut-être ce mois-ci est entièrement absorbée par une boîte cylindrique et les petites cartes qui se rangent dedans. Concentration et grands sourires heureux de sa réussite se succèdent sur son visage.
Mouflette m'interrompt : «Maman, où sont les crayons ? Je dois dessiner !»

"dois" ?! Hé oui, c'est que l'affaire est sérieuse... Si pour moi dessiner est un plaisir ou un délassement, Mouflette semble prendre chacun de ses dessins comme une étape de plus, étape du chemin qu'elle fait pour expérimenter et absorber cette action qu'elle nous voit faire depuis toute petite : tracer des signes sur une feuille.

Cette intensité, ce besoin très net de faire et de répéter certaines choses, a été observé par Maria Montessori, ainsi que par d'autres scientifiques de son époque. Elle identifie des périodes que les enfants traversent, où ils sont particulièrement sensibles à un aspect de leur environnement. Un peu, dit-elle, comme les chenilles d'un papillon, qui en sortant de l'œuf sont irrésistiblement attirées par la lumière du soleil, ce qui leur permet de quitter la sécurité du tronc et remonter la branche jusqu'à l'endroit où les feuilles sont les plus tendres. Plus tard, cette attirance disparait, et les mêmes chenilles ne cherchent plus la lumière du soleil à tout prix.
De même, dans leur besoin d'apprendre et de grandir, les enfants sont attirés par certains aspects de leur entourage. Le langage, par exemple, va les fasciner un bon moment, et cette fascination est bien pratique au moment où justement ils sont en train d'apprendre à parler. Ne vous êtes-vous jamais fait la réflexion que les petits enfants étaient impressionnants, d'apprendre entièrement une langue, sans "travailler", juste en écoutant et en essayant ? Qu'il est difficile, pour nous adultes, d'en faire autant ! ([1])

Il y a un siècle, Maria Montessori avait théorisé ces attirances des enfants par le phénomène des périodes sensibles, période du langage, période de l'ordre, etc. Elle avait eu cette idée simple et géniale : plutôt que de leur apprendre ce qu'un autre a décidé, à un moment choisi de façon plus ou moins arbitraire, laisser l'observation de l'enfant et ses propres choix déterminer le moment approprié pour certains apprentissages.

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Notes

[1] Si ces mécanismes vous passionnent, peut-être apprécierez vous, comme moi, la lecture de Comment pensent les bébés ?, de Alison Gopnik, Andrew Meltzoff et Patricia Kuhl, qui vulgarisent les récentes découvertes scientifiques à ce sujet.

Mardi 13 avril 2010

Étagères

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Maria Montessori raconte dans L'enfant que dans la petite "école" où elle expérimentait ses idées, le matériel était enfermé dans une armoire, et distribué aux enfants par leur institutrice. Or un jour, l'instit oublia la clé sur l'armoire. Quand elle arriva le lendemain matin, elle fut bien surprise de découvrir les enfants déjà au travail et absorbés par celui-ci. À partir de là, le libre accès au matériel devint l'un des principes de la pédagogie Montessori.

Ce principe du matériel laissé en libre accès et choisi par l'enfant m'a beaucoup séduite. Ce n'est pas si simple, car cela demande beaucoup d'auto-discipline aux enfants pour l'utiliser correctement et surtout le ranger après utilisation. ... Autant dire que chez nous c'est loin d'être acquis :zen:

Un autre point très positif de ces étagères, c'est qu'elles permettent d'un coup d'œil de voir toutes les activités disponibles. L'enfant peut ainsi vraiment choisir celle qui correspond le mieux à son envie du moment, et donc celle dont il apprendra le plus efficacement :)

Jeudi 8 avril 2010

Tapis et ambiance

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Un tapis de travail, c'est un espace à soi, où le temps s'arrête, où la concentration peut prendre toute sa place.
La simple règle : "Sur ton tapis, tu as le droit de ne pas être dérangé." a vraiment changé l'ambiance des activités chez nous. La garantie de ne pas être perturbé, ni par un frère ou une sœur qui veut montrer comment faire, ni par un bébé farceur[1], ni par un parent impatient de passer à table ou de voir la chambre rangée, cela permet un nouveau rapport au travail effectué, un investissement bien meilleur.
Et puis pouvoir s'activer par terre, sans se faire reprendre par les parents, quelle liberté !

decoupage.jpg puzzle.jpg

Notes

[1] c'est de plus en plus dur d'ailleurs, si vous avez des astuces je prends !